Comment condenser les sous-titres

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Ce guide offre des stratégies pour réduire et condenser le texte des sous-titres afin de résoudre les problèmes de vitesse de lecture. Vous pouvez consulter également le tutoriel vidéo « l. Comment remédier aux problèmes de vitesse de lecture ».

Lorsqu'une transcription ou une traduction conduit à des sous-titres trop longs pour être lus confortablement par le spectateur (plus de 21 caractères par seconde), ou contient trop de caractères par lignes (42), ou par sous-titre (84), il est nécessaire de les condenser. Transcrire est aussi une forme de traduction, du langage oral au langage écrit, donc réduire les sous-titres à l'essentiel est parfois nécessaire. Condenser un sous-titre peut se faire en supprimant les mots superflus, en reformulant les phrases, en trouvant des synonymes plus courts, et en résumant pour ne garder que l'essentiel.

Remarque : Même si la vitesse de lecture est de 21 caractères par seconde, si vous pensez que le contenu du sous-titre est particulièrement difficile à appréhender (nom propre compliqué, explication scientifique, poème), vous pouvez envisager de réduire la vitesse de lecture en condensant le texte ou allongeant la durée du sous-titre. Il est intéressant de rappeler aussi que la vitesse de lecture préconisée par le CSA pour le sous-titrage pour les sourds et malentendants est de 12 caractères par seconde.


Condenser en fonction du langage

Chaque langage possède ses stratégies propres pour réduire la taille des sous-titres, qui dépendent de la grammaire mais aussi du contexte culturel. Parfois, un mot ou une expression sont traduits dans un langage en plusieurs mots parce que c'est de cette façon que l'idée exprimée est reconnaissable dans la culture de ce langage. D'autres langages nécessitent beaucoup plus de mots car ils indiquent le genre d'un objet par exemple, ce qui rend difficile toute tentative de condenser le texte.


Condenser en fonction du contexte

Condenser le texte d'un sous-titre dépend soit du contexte linguistique immédiat (ce qui est dit avant et après le sous-titre), soit d'un contexte visuel, sonore et culturel plus large qui inclut ce que le spectateur voit et entend dans la vidéo et ce que l'audience à qui la conférence s'adresse sait déjà compte tenu d'une culture commune.

Par exemple, en anglais, le Département des Véhicules à Moteur peut être abrégé en « DMV » sans changer de sens et tout en étant reconnaissable par tous. Par contre, lors de la traduction, on ne peut pas utiliser directement l'abréviation si cet organisme et son acronyme ne sont pas familiers des spectateurs français.

De la même façon, « Regardez bien cette pomme verte » peut être condensé en « Regardez-la bien » si le conférencier a dit juste avant : « C'est une pomme verte magnifique », car le mot « la » peut être immédiatement défini par le contexte précédent. Par contre, cette manière de condenser ne serait pas possible s'il avait introduit la pomme verte pour la première fois, en changeant de diapositive pour montrer une photo de pomme verte, par exemple. Cependant, dans ce cas, si le conférencier commence à commenter cette diapositive en disant par exemple « C'est la pomme verte dont j'ai rêvé ce matin », le contexte visuel et le commentaire qui suit peut autoriser à condenser le sous-titre, si nécessaire, en « Regardez bien ceci » au lieu de « Regardez bien cette pomme verte ».


Condenser sans changer le sens

Quand vous êtes obligé de raccourcir votre sous-titre, vous devez faire attention à ne pas altérer le sens ni l'intention. Rappelez-vous que si vous ne rencontrez pas de problèmes de longueur de lignes ou de vitesse de lecture, il n'a aucune raison de condenser le discours du conférencier. Le but n'est pas de supprimer des parties du discours que la personne qui sous-titre considère sans importance, mais au contraire, d'autoriser le spectateur à comprendre le plus possible le sens du discours ou du sous-titre original, en créant une ligne suffisamment courte pour être lue durant le temps où le sous-titre apparait à l'écran. Si le contenu du sous-titre est trop long, le spectateur n'a pas le temps de le lire et une bonne partie du sens lui échappe. Donc, en condensant le sous-titre pour ne garder que l'essentiel du message sans changer le sens ni l'intention du conférencier, le texte sera suffisamment court pour permettre à l'audience de tout lire et comprendre, sans voir une partie des phrases s'évaporer en même temps que le sous-titre disparaît.

Note : Quand il n'est pas nécessaire de condenser un sous-titre, vous pouvez choisir de supprimer des termes non essentiels du langage oral tels que « Bon », « Et », « Alors », « Maintenant », en début de phrase, afin de rendre sa lecture plus facile. Les lapsus, les corrections et les répétitions non intentionnelles sont également généralement omis, ainsi que les éléments sans rapport direct avec le discours du conférencier (l'ajustement du micro par exemple).


Quand ne pas condenser ?

Beaucoup de mots ou d'expressions peuvent être omis ou raccourcis, mais il arrive parfois que leur présence soit essentielle à la compréhension du discours comme, par exemple, quand un de ces mots est utilisé dans une comparaison.

Par exemple, le mot « presque » est souvent omis. Imaginons qu'un conférencier parle d'un dîner dans lequel il a trop mangé et que pour cette raison, il n'a pas pu dormir. Il dit : « J'ai mangé presque dix samoussas ». On pourrait transcrire si nécessaire : « J'ai mangé dix samoussas » parce que ce qui est important ici, ce n'est pas combien il en a mangé mais le fait qu'il a trop mangé. Par contre, dans un contexte différent, le nombre peut être important. Si l'orateur parle d'un concours de nourriture et décrit les raisons pour lesquelles il a échoué, le mot « presque » ne peut pas être supprimé parce que, dans ce cas, il s'avère crucial pour expliquer que l'orateur en a mangé presque dix, alors que son concurrent a mangé les dix en totalité et a gagné le concours.


Comment condenser ?

L'omission

Omettre les répétitions

Attendez, attendez ! Je ne vous ai pas encore montré le reste.

DEVIENT : Attendez, je ne vous ai pas encore montré le reste !
OU :      Je ne vous ai pas encore montré le reste !
OU :      Attendez que je vous montre le reste.
OU :      Je n'ai pas montré le reste !
Ça a été un très, très long dîner.

DEVIENT : Ça a été un très long dîner.
OU :      Ça a été un long dîner.
OU :      Le dîner a été long.


Omettre les interjections et les salutations

Eh bien non, ce n'est pas ça !

DEVIENT : Non, ce n'est pas ça !
OU :      Ce n'est pas ça !
Oh mon Dieu, les gars, vous allez bien ?

DEVIENT : Oh, les gars, vous allez bien ?
OU :      Vous allez bien les gars ?
OU :      Vous allez bien ?
Bonjour, je m'appelle Joël Lepetit.

DEVIENT : Je m'appelle Joël Lepetit.


Omettre les adresses

Croyez-moi, cet exemple est loin d'être le dernier.

DEVIENT : Cet exemple est loin d'être le dernier.
OU :      Cet exemple n'est pas le dernier.
OU :      Ce n'est pas le dernier.
OU :      J'ai d'autres exemples.
OU :      J'en ai un autre.
Elle m'a dit : « Sois gentil, Jacques !».

DEVIENT : Elle m'a dit « Sois gentil !».


L'abréviation des noms propres

Les changements d'interlocuteurs doivent être représentés. Il arrive parfois qu'un présentateur entre en scène pour discuter avec le conférencier, ou qu'une vidéo montre un dialogue. La première fois qu'ils apparaissent, les interlocuteurs doivent être définis par leur nom en entier suivi d'un deux-points. Ensuite, seules leurs initiales apparaissent (sans points d'initiales). Par exemple :

Oh, vous avez une question pour moi ? D'accord.

Lionel Dupont : Oui, merci beaucoup. Vous avez reçu un prix récemment...

Joël Lepetit : Oui, ça m'a beaucoup surpris.

LD : Est-ce que vous pourriez nous en parler ?

JL : Oui, bien sûr...

Pour en savoir plus sur la manière d'identifier les interlocuteurs, référez-vous à la section «Comment représenter les sons ».


Modifier les expressions rhétoriques ou emphatiques

Elle aime aller au marché. Oui, elle aime vraiment ça.

DEVIENT : Vraiment, elle adore aller au marché.
OU :      Elle aime vraiment aller au marché.
OU :      Elle adore aller au marché.
C'est un concombre bleu, correct ?

DEVIENT : Est-ce bien un concombre bleu ?
OU :      Ce concombre est-il bleu ?
OU :      Celui-ci est-il bleu ?
OU :      Un concombre bleu ?
OU :      Est-il bleu ?


Les faux départs

Comment diable... Comment diable vais-je pouvoir arriver à temps ?

DEVIENT : Comment diable vais-je pouvoir arriver à temps ?
OU :      Comment vais-je pouvoir arriver à temps ?
OU :      Comment vais-je arriver à temps ?
OU :      Comment arriver à temps ?
OU :      Vais-je arriver à temps ?


Simplifier la sémantique

Il est parfois possible de modifier les éléments de style dans les sous-titres qui ont besoin d'être condensés.

Les synonymes

C'était un hangar énorme, immense.

DEVIENT : C'était un immense hangar.
OU :      C'était un vaste hangar.
OU :      Il était vaste.
Dans notre organisation, il s'agit de compassion, ou d'altruisme si vous préférez.

DEVIENT : Le souci de notre organisation, c'est la compassion, l'altruisme.
OU :      Notre organisation se soucie de compassion, d'altruisme.
OU :      Notre organisation se soucie de compassion.
OU :      Notre organisation se soucie d'altruisme.


Les phrases d'introduction

Bon, c'est sûr, mais qu'en est-il du coût ?

DEVIENT : Mais qu'en est-il du coût ?
OU :      Mais, et le coût ?
OU :      Mais, le coût ?
Eh bien, voyez-vous, il ne s'agit pas vraiment de qui le fait mais comment on le fait.

DEVIENT : Alors, il ne s'agit pas de qui le fait mais comment on le fait.
OU :      Il ne s'agit pas de qui, mais de comment on le fait.
OU :      Il ne s'agit pas du qui mais du comment.
OU :      Il s'agit du comment, non du qui.
OU :      Il s'agit du comment on le fait.
Regardez/écoutez/rappelez-vous, voici aussi un très bon exemple.

DEVIENT : En voici aussi un excellent exemple.
OU :      Voici un autre parfait exemple...
OU :      Un autre parfait exemple...
OU :      Un autre, excellent...
Comme vous le savez, c'est très facile.

DEVIENT : Certes, c'est très facile.
OU :      C'est très facile.
OU:       C'est simple.
Je l'avoue, ce n'était pas la meilleure des décisions.

DEVIENT : Ce n'était pas la meilleure décision.
OU :      Ce n'était pas la bonne décision.
OU :      C'était une erreur.


Donc, là, nous arrivons à mon idée suivante.

DEVIENT : Et c'est mon idée suivante.
OU :      Mon idée suivante...

Notez qu'il est important de faire la distinction entre le « donc » en début de phrase, utilisé à l'oral pour faire des pauses ou introduire une liaison entre différents sujets, et celui qui désigne réellement une conséquence. Le premier peut être supprimé comme, par exemple, dans : « Donc, comme je vous l'ai dit... ». Le deuxième introduit une idée de conséquence entre deux phrases indépendantes. Il signifie « par conséquent, dès lors ». Le plus souvent, il ne commence pas une nouvelle phrase comme par exemple, « J'avais vraiment trop travaillé, donc je n'ai pas eu d'autre choix que d'aller me reposer ». On ne peut pas le supprimer sans modifier le sens de la phrase, et c'est d'ailleurs de cette façon que vous pouvez le reconnaître. La même distinction s'applique au mot « alors » en début de phrase. Certains orateurs introduisent leurs phrase indifféremment de la même façon avec « bon, alors, donc, maintenant... » (à ne pas prendre au sens littéral).

Les expressions « je crois », « je pense », « je suppose », situées entre deux virgules, peuvent souvent être supprimées si besoin est, lorsque le contexte permet de déterminer de façon claire que c'est l'opinion de l'orateur. Par contre, on ne les supprime pas lorsque l'orateur compare son opinion à une autre. Considérez l'emploi de « selon moi » qui est un peu plus court, à la place de « je crois que » ou « je pense que ».

Tics de conversation : Il arrive que l'orateur introduise ou utilise la même expression dans pratiquement toutes ses phrases. Dans ce cas, il est nécessaire de ne pas alourdir les sous-titres avec toutes ces répétitions et ne garder que les instances où elle est employée à propos.


Les adverbes d'intensité

Les mots « vraiment », « assez », « plutôt », « en fait », etc., utilisés en emphase à l'oral, peuvent être supprimés à l'écrit tant que cela ne modifie pas le sens ni l'intention de l'orateur.


Les expressions de quantité

Certains mots ou phrases qui expriment la quantité et le degré peuvent parfois être redondants si leur sens peut être compris par le contexte, ou quand l'orateur les utilisent de façon imprécise pour indiquer simplement un ordre de grandeur.

Ils veulent tous cet appareil.

DEVIENT : Ils veulent cet appareil.
OU :      Ils le veulent tous.
OU :      Tous le veulent.
C'est resté là pendant des dizaines d'années.

DEVIENT : C'est resté là des années.
OU :      C'est là depuis des années.
OU :      C'est là depuis toujours.


Idiomes et métaphores

Bien qu'il soit important de transmettre le style des orateurs aussi fidèlement que possible, il arrive qu'ils emploient des expressions trop longues pour entrer dans un sous-titre. Dans le cas d'une traduction, tout en honorant l'orateur dans le reste des sous-titres en traduisant ses expressions, dans cette instance particulière, on peut supprimer la traduction ou l'équivalent linguistique, et traduire son sens général.

I told Joanne that it was like beating a dead horse.

TRADUCTION : J'ai dit à Joanne que c'était perdre son temps.
DEVIENT :    J'ai dit à Joanne que c'était futile.
OU :         Je lui ai dit que c'était vain.
It hit me like a ton of bricks.

TRADUCTION : Ça m'a fait un choc.
DEVIENT :    Ça m'a surpris.
OU :         Et là, le choc.


Simplifier la syntaxe

Le sens peut parfois être transmis par une phrase plus facile à lire et plus courte. C'est souvent le cas en traduction, quand le langage cible a une structure syntaxique proche de l'original mais également une façon plus simple de convier la même idée, avec une structure de phrase différente. C'est le cas de l'utilisation de la voie passive en anglais qui ne se traduit pas toujours par une voie passive dans le langage cible. Par exemple, « Mater is originated from sound » qui se traduit littéralement par « La matière a pour origine le son » ou plus simplement « Du son nait la matière ».


Résumer deux propositions

Elle pensait qu'elle pouvait tout recommencer, tout refaire encore une fois.

DEVIENT : Elle pouvait peut-être tout refaire encore une fois.
OU :      Peut-être pouvait-elle tout recommencer.


Passer de la citation au discours indirect

Ils m'ont dit : « Pourquoi ne viendrais-tu pas avec nous ?

DEVIENT : Ils m'ont proposé de venir avec eux.
Yolanda a dit : « Je n'en sais absolument rien ?

DEVIENT : Yolanda a dit qu'elle n'en savait rien.
OU :      Yolanda n'en savait rien.


Passer de la voie passive à la voie active

Il a été formé par un professeur de notre Institut.

DEVIENT : Notre Institut l'a formé.


Références au contexte non verbal de la conférence

Le conférencier peut faire référence à des choses qui peuvent être comprises directement en regardant l'image ou en écoutant le son. Les références explicites à ce contexte visuel et sonore peuvent être omises dans les sous-titres.


Les choses que vous pouvez voir de toute façon

Si nécessaire, on peut omettre la mention explicite de quelque chose qui peut être vue à l'écran telle que la référence à une diapo ou à ce qui se passe sur la scène.

Laissez-moi poser ça là, sur la table à côté de moi.

DEVIENT : Je vais poser ça là.
Le bonhomme que vous  voyez sur cette image, c'est Tom.

DEVIENT : Vous voyez ici Tom.
OU :      Voici Tom.

Notez qu'on ne peut condenser un texte de cette façon que si l'image dont l'orateur fait référence est visible à l'écran. Si, pour une raison ou une autre, l'image correspondante n'apparaît pas du tout à l'écran, où elle apparaît trop tard, il est nécessaire de garder une référence, même sous une forme plus courte telle que « Voici une photo de Tom », bien qu'on puisse condenser plus s'il est évident, à partir du contexte, que l'orateur fait référence à une diapo.


Les choses que vous pouvez de toute façon entendre

Quand le conférencier fait une référence à un son, il est possible de la supprimer quand le son a déjà été représenté entre parenthèse, comme par exemple (Musique), (Soupir), etc.

(On frappe à la porte) Quand je l'ai entendu frapper à la porte, j'ai su que c'était lui, je l'ai laisser entrer.

DEVIENT : (On frappe à la porte) J'ai su que c'était lui, je l'ai laisser entrer.
OU :      (On frappe à la porte) C'était lui, je l'ai laisser entrer.


Références

Belczyk, Arkadiusz. Tłumaczenie filmów. Wydawnictwo "Dla szkoły," Wilkowice 2007. Cette section utilise quelques éléments de classification des choses que l'on peut condenser dans un sous-titre, développés dans ce livre.